L’expérience avec des téléphonistes mâles dans l’Ouest des « cow-boys fringants », a toutefois éventuellement poussé la direction à considérer les femmes pour ce poste : les préposés aux télégraphes avaient tendance à être brusques et à manquer de maturité, et même à se bagarrer avec les abonnés. Puisque la clientèle des services téléphoniques était à ce moment-là composée presque uniquement d’hommes d’affaires qui avaient tendance à s’impatienter face aux délais, la direction a rapidement réalisé que des femmes téléphonistes étaient non seulement capables de maîtriser l’aspect technique de leur travail, mais aussi de faire preuve de patience et de courtoisie tout en étant insensibles à la critique.
Les femmes qui postulaient un emploi de téléphoniste dans les années 1880 devaient fournir trois recommandations, dont l’une d’un membre du clergé, en plus d’appartenir à la classe moyenne et d’avoir un caractère irréprochable. Les téléphonistes étaient au cœur de la collectivité : elles étaient bien connues des abonnés qu’elles servaient et étaient souvent consultés pour différentes raisons, notamment pour connaître la température, ou encore, obtenir une recette, un conseil médical ou le pointage d’un match de hockey – sans oublier le service de réveil qu’elle fournissaient à l’occasion. Elles jouaient également un rôle clé en matière de services d’urgence au sein de leur communauté : si un incendie se déclarait, la téléphoniste alertait les membres de la brigade des pompiers volontaires.
L’intérêt d’Ida pour la carrière de téléphoniste s’est peut-être transmis dans la famille. En effet, son frère, Rufus Cates, a déjà été le seul téléphoniste mâle de Winnipeg. Rufus a cependant quitté l’entreprise pour approvisionner les troupes du gouvernement pendant la rébellion menée par Louis Riel à Batoche, en Saskatchewan.
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Quant à l’intérêt d’Ida pour ce métier, il était inné. Certaines personnes du même âge affirment que les nouvelles nationales circulaient plus rapidement avec son « téléphone arabe » qu’avec tout autre moyen de communication. Reconnue pour son sourire dans la voix, et célèbre pour sa recette primée de tarte aux framboises qu’elle a sans doute fournie à plus d’un client à partir de son standard téléphonique, Ida est devenue un membre aimé de la ville de Winnipeg. Dans ce temps-là, avant la venue de la radio et de la télévision, le téléphone représentait parfois la seule ouverture d’une personne sur le monde extérieur – et Ida était là pour faciliter les contacts avec la famille, les amis et le monde à l’extérieur de la maison.
En 1885, Ida a épousé Robert Steel – sa photo de mariage, montrée ici, est la seule photo que nous ayons d’elle. Elle a continué à travailler pour la compagnie de téléphone après son mariage ; en fait, une note écrite de sa main (signée Ida Steel) à un certain M. G.L. Long de Montréal sur le style de standard téléphonique utilisé à Winnipeg à cette époque lointaine, figure dans nos archives.
En 1980, lorsque MTS a lancé un nouveau projet pour fournir entre autres des services téléphoniques, de câblodistribution, d’alarme et de lecture de compteur pour les services publics sur un seul système intégré grâce au téléphone, elle l’a appelé « Projet Ida ». Pourquoi ? Parce que le projet Ida proposait de nouvelles façons d’utiliser le système téléphonique pour toucher de nombreux aspects de la vie des Manitobains – sensiblement comme l’a fait Ida.
À titre de première femme téléphoniste au Manitoba, de membre aimé de sa communauté et de pionnière de la lutte pour l’égalité des sexes dans l’industrie des télécommunications, Ida Cates est reconnue pour son importante contribution à l’histoire de MTS Allstream
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